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L'art populaire de la Russie

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Le petit cheval bossu

Troisieme partie




 

A.Zinin. "La Poisson-Baleine"

A.Zinin. "La Poisson-Baleine"
1947.  Bogorodskoe
 

En approchant de l'océan
petit cheval dit à Ivan :
«Ivanouchka, tu vois
La clairière, dans trois
Minutes nous y parviendrons
Et mer-océan nous verrons;
Au travers d'elle couche
Un grand monstre farouche
Que l'on nomme poisson-baleine;
Depuis dix ans subit sa peine
Sans savoir jusqu'à quand
Devra rester souffrant,
Ni comment obtenir pardon.
Il va te prier, mon garçon,
De demander sa grâce
Quand tu auras pris place
Dans la demeure du soleil.
Ivan, retient? Ce bon conseil :
Promets-le-lui à l'instant
Et surtout souviens-t'en.»
Voici qu'à la clairière arrive,
De mer-océan voit la rive.
Et le poisson-baleine
Couché sur son domaine.

 

A.Kosterin. "La Poisson-Baleine"
A.Kosterin. "La Poisson-Baleine"
Baguier. 1965.  Kholouï
 

Ses larges flancs sont labourés,
Des palissades sont plantées
Profond entre ses côtes,
Sur sa queue, une haute
Forêt de pins murmure,
Un village avec ses masures
S'étend sur son échine;
Des paysans cheminent
Au long de ses lèvres charnues
Passant repassant la charrue,
Et des gamins joyeux
Dansent entre ses yeux,
Et dans la chênaie qui se cache
Au milieu de ses moustaches
Des jeunes filles vont
Chercher des champignons.
D'un bond petit cheval se porte
Sur sa queue, de toute sa force.
II crie : «0 phénomène
Nommé poisson-baleine
Si tu souffres c'est parce que
Contre la volonté de Dieu,
Parmi les mers lointaines
Tu gobas trois dizaines
De beaux navires affrétés.
Si tu leur rends la liberté
Dieu mettra fin sur l'heure
A toutes tes douleurs,
Toutes tes plaies seront guéries
Et d'une longue, longue vie
Seras récompensé.»
Ce discours prononcé
II mord sa bride de métal,
S'élance vers le littoral
Qu'il atteint d'un seul saut...


 


L.Azarova. Beurrere "La Poisson-Baleine"

L.Azarova. Beurrere "La Poisson-Baleine"
Porcelaine. 1972.  Gjel
 



Ivan reste seul sur la baleine
Et lui crie : «Dame Lune, la reine
De la nuit (que je pressais
D'me fixer sur ton sujet)
A voulu enfin me dire :
«Une trenteine de beaux navires
Cette vieille sotte, en se jouant,
Avala, il y'a dix ans.
C'est à tort donc qu'elle s'étonne :
Si elle veut qu'on lui pardonne,
Qu'elle remette, sans plus tarder,
Ces navires en liberté...»
Cela dit, vivement il saute,
Comme les autres, sur la côte
La plus proche du continent
Où l'attendent les paysans.
En ouvrant une gueule immense,
La baleine alors commence
(On devine tout son plaisir !)
À cracher et à vomir
Trente navires, l'un après l'autre :
Des frégates, des bricks, des cotres
Et, mêlée à tous ces sons,
Des rameurs, la gaie chanson :
«Sur la mer, la mer profonde,
Qui soulève doucement ses ondes,
Par la route limpide des eaux,
Vogue une flotte de beaux vaisseaux!»

 
        
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Littérature russe /

Piotr Yerchov



  Le petit cheval bossu
     Premier partie
     Deuxieme partie
     Troisieme partie



Le petit cheval bossu

- «Mais, attends ! S’écrie la Lune :
Tout cela, qui te l'a dit?»
- «Mais la jeune princesse, pardi!»
- «Et son nom ? Pourquoi le taire?»
- «Ah, son nom ! Mais c'est Solaire
Qu'on l'appelle, et je croyais
Que, sans moi, tu le savais,
Du moment que c'est ta petite.»
- «Quel bonheur ! Dis-moi donc vite
Où se trouve la chère enfant»,
Lui demande la Lune vivement.
- «Volontiers. Elle est, ma mère,
Chez nous autres, sur la terre,
Et demain matin, je crois,
Sauf contre ordre, notre roi
En fera une reine heureuse»
- «Quoi? S’écrie la Lune, anxieuse :
Quoi? De vivre parmi vous,
Elle aurait déjà pris goût?
La nouvelle, tu sais, est dure
Pour une mère, et je suis sure qu'elle Causera un grand chagrin
À son père aussi enfin,
Du moment qu'elle sera reine,
Nonobstant toute notre peine,
Ça pourrait encore aller ;
Car, vois-tu, de la pleurer
Comme une morte, je n'ai eu cesse,
Et depuis que la princesse,
J'autre jour, eut disparu,
Nous ne sommes même plus parus
Dans le ciel qui, lourd d'orage,
Ne roula que des nuages
Mais ton roi, comment est-il? Est-il Jeune et beau, gentil?..»



Le petit cheval bossu

   Le lendemain, sur la grand-place,
Où la foule accourt en masse
Et se presse en rangs serrés,
Un bûcher se trouve dressé.
Vis-à-vis, une vaste estrade
Sur laquelle, en grande parade
(Son armée postée autour),
Siège le roi avec sa cour.
A côté de lui, Solaire
Resplendit, belle et altière,
Comme une rosé ou un pavot
À côté d'un vieux crapaud;
Et la foule qui les regarde,
Sur le roi, parfois hasarde
Des propos qui, certainement,
Ne sont pas des compliments !...
Mais, voilà, qu'un grand silence
Tombe soudain : Ivan s'avance
Vers la cuve et, sans broncher,
Monte lentement sur le bûcher,
D'où, au roi, il dit : «O Maître !
Tu voudras, j'espère, permettre
Que j'embrasse, avant ce bain,
Mon ami, le petit poulain?»
Et le roi, d'un air amène,
Lui répond : «C'est bien. Qu'il vienne.»
Notre petit chevale bossu
Monte alors, comme convenu,
Vers la cuve et, de son souffle,
Le plus fort, vivement y souffle,
Pour en rendre le lait chaud
Profitable à son Jeannot.
Ce dernier se déshabille
(Ce qui fait rougir les filles !)
Et s'élance, ensuite, bravement
Dans le flot de lait bouillant ;
Puis, en sort, plein d'allégresse,
Et salue la belle princesse
(Qui, charmée, le mange des yeux),
Svelte et beau comme un jeune dieu!
«Nom d'un nom! Oh! Fichtre! Mince!
Le voilà plus beau qu'un prince!»
Crie le peuple, tout surpris...
 


Le petit cheval bossu


   Aussitôt, le roi, ravi
Lui aussi, se déshabille
(Sans toutefois troubler nulle fille!);
Dans la cuve, il court se jeter
Et y meurt, ébouillanté !
Ce voyant, la jeune princesse
À la foule alors s'adresse
Et lui dit: «Le roi n'est plus!
(Ce dont nul n'est trop ému)
Voulez-vous de moi pour reine,
Voulez-vous que je vous mène
Vers la paix et le confort?
Si c'est oui, un prince-consort,
Je choisis!»... Et, souriante, c'est Ivan
Qu’elle leur présente.
«Oui! Bien sûr! Mais certainement!
Vive la reine et vive Ivan!
Crie la foule : Quelle riche affaire!
Vive Ivan et vive Solaire!»
II lui prend alors la main
Et, suivis du petit poulain
Qui soutient leur traîne d'hermine,
Vers l'église ils s'acheminent.