a terre de Vologda est une prestigiex artistique des régions
Septentrionales de la Russie. La sculpture et peinture sur
bois, sur écorce de bouleau, le tissage d'étoffes
à dessins, la broderie, la niellure sur argent, la
poterie, tous ces artisanats y ont connu un essor particulier
au XIXe et au XXe siècles. Mais les dentelles de
Vologda les ont surpassés, acquérant une notoriété
mondiale. Les Français estiment que la dentelle est
une enfant de la mode, mais en Russie la production de la
dentelle n'a jamais dépendu seulement des caprices
de la mode du fait que ses racines plongeaient dans la vie
du peuple.
La dentelle ornait les costumes des paysannes et des
habitantes de la ville, c'était
une partie importante du trousseau
de la jeune fille. Depuis fort longtemps
déjà on affectionne les ouvrages ajourés en Russie,
onles tricote au crochet et aux aiguilles,
on les brode àl'aiguille.
Mais c'est précisément
la dentelle aux fuseaux qui est la plus développée sur
le plan artistique, elle dispose également d'un large
diapason de procédés d'exécution.
Bordure en dentelle
Début du XXe siècle |
La confection
de dentelles était considérée comme
un métier honorable et lucratif. D'ailleurs, des
gens aisés apprenaient à leurs enfants à
faire de la dentelle "pour meubler leur temps libre".
Les veuves et les familles de fonctionnaires retraités
y travaillaient toute l'année, mais c'est "la
population des greniers et des caves" qui s'y consacrait
avant tout. Le lin est le matériau préféré
des dentellières de Vologda; qu'il soit écru,
c'est-à-dire non blanchi, ou bien éclatant
de blancheur, il est brillant et élastique comme
de la soie véritable, si bien qu'on l'appelle souvent
"la soie du nord". La dentelle de lin est très
belle et elle dure longtemps. A l'heure actuelle, on fait
aussi de la dentelle avec des fils de coton et, plus rarement,
du fil de soie, y ajoutant parfois des fils de métal.
On confectionnait depuis longtemps déjà dans
la province de Vologda des dentelles d'une seule pièce
et des dentelles assemblées, et dans chaque district
elles avaient leur caractère propre, car les instruments
utilisés par les ouvrières et la manière
de procéder n'étaient pas les mêmes
Dentelle au mètre
Début du XXe siècle |
Il y avait une coutume
locale: quelque temps après son mariage, la jeune
épouse revêtait sa plus belle robe et une quantité
incalculable de chemises dont le bas devait être abondamment
décoré, elle allait à "la visite".
Des femmes plus âgées et des invitées
examinaient ces atours et se faisaient ainsi une idée
des capacités de la jeune femme pour les ouvrages
à l'aiguille, etc. Mais comme il est impossible de
mettre beaucoup de chemises à la fois, l'intéressée
n'enfilait que le bas brodé ou décoré
de fils de coton de ces chemises. Pour plus de commodité,
on portait cela comme une jupe fixée à la
taille ou sur épaulettes. L'une de ces jeunes femmes
s'est présentée à "la visite"
avec 17 de ces jupons sur soi.
Bas d'une chemise de femme(détail)
Fin de XIXe siècle |
La confection
de la dentelle est un des arts populaires qui exige le plus
de travail. Sous l'apparente facilité avec laquelle
les dentellières manipulent leurs fuseaux se cachent
un travail soutenu, un goût artistique très
fin, une haute exigence pour la netteté et la beauté
de l'exécution. Chaque élément de la
décoration représente des heures et des journées
de réflexion et de recherche. Il faut tout d'abord
élaborer la composition de l'ouvrage, puis étudier
avec soin les différentes parties. Tous les éléments-,
figures, fleurs, etc. sont aussitôt exécutés
et les dentellières décident alors quelle
variante du dessin, de la couleur choisir. Dès qu'un
dessin net et achevé de la future nappe ou panneau,
du col ou de l'écharpe a été tracée
sur une grande feuille de papier, commence le travail technique.
Il faut indiquer sur le dessin comment exécuter tel
ou tel élément, trouver l'emplacement de chaque
épingle. Lorsque ce travail est terminé les
dentellières se mettent à la confection de
l'ouvrage. Des groupes entiers d'ouvrières travaillent
durant des mois à de grandes pièces destinées
à des expositions.
Victoria Iéfina
Panneau "L'arbre chantant". 1978
|
La
dentellerie Vologda s'est développée et s'est
perfectionnée au cours des siècles. Chaque
étape de son évolution était couronnée
par de magnifiques ouvrages d'art appliqué, exécutés
avec une maîtrise souveraine et dont la perfection
consommée se passe de commentaires.
En dépit des difficultés
de la vie actuelle, des problèmes économiques
et de gestion, la dentelle de Vologda n'a pas perdu ses
qualités artistiques uniques. Elle a acquis d'autre
part nombre de thèmes, de sujets, d'images nouvelles,
tout un immense arsenal de moyens d'expression qui font
d'elle un phénomène marquant non seulement
de l'art russe, mais aussi de l'art mondial
|