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Le dit de la l'ost d'Igor

    «O Terre russe! Déjà, te voici au-delà des collins. Longtemps la nuit, se fait noire. Le crépuscule alluma ses feux, la brume couvrit les plaines le chant des rossignols se tut, le croassement des choucas s’èveilla. Les fils de la Russie barrèrent les vastes plaines..»

Le Dit de l'ost d'Igor


N.Loukina. "Le Dit de l'ost d'Igor"

N.Loukina. "Le Dit de l'ost d'Igor"
Baguier. 1997   Palekh


     "Le Dit de l'ost d'Igor" brille comme l'or d'une icône dans la littérature de la Russie. Le Dit a été écrit à la suite d'un fait historique tragique : la malheureuse, en l'an 1185, d'Igor, prince de Novgorod Severski à l'époque, redoutables nomades de la steppe, les Polovtsy. Le manuscrit fut découvert par un collectionneur, le comte Mousin-Puchkine en 1795. Cette œuvre occupait le dernière place dans un recueil qui contenait d'autres écrits. Une copie de ce manuscrit fut faite, peu après sa découverte(en 1795 ou 1796) pour Catherine II. En 1800, l'œuvre fut éditée à une traduction en russe moderne, par le comte Mousin-Puchkine avec la collaboration de deux autres spécialistes. Quant à l'original, pièce unique malheureusement, il brûla dans la maison de Mousin-Puchkine pendant le célèbre incendie de Moscou de 1812. Il ne reste donc aujourd'hui que la copie d l'édition de 1800 année.
    L’œuvre a pour sujet la campagne du prince Igor Sviatoclavitch contre les Polovtsy(ou Coumans), campagne qu’a lieu à la fin d’avril et au début mai 1185. La chronique hypatienne décrit les événements dans l’ordre chronologique. En voici le résumé.
    Le mardi 23 avril 1185, les prince Igor de Novgorod Severski, Vsevolod de Koursk, Sviatoslav de Rylsk et Vladimir de Poutivl partirent en compagne contre les Polovtsy. Le mercredi 1er mai, Igor, que se trouvait prés du Donec «ayant regardé le ciel, vit le soleil avait l’apparence de la lune»(il a eut réellement une éclipse de soleil ce jour-là). Les boïars et la droujina «baissèrent la tête» et dirent : «Prince, cela n'est pas un bon présage», mais Igor répliqua: «Ce Dieu fait pour nous, que ce soit pour notre bonheur ou notre malheur, c’est à nous de le voir.» La droujina traversa le Donec et atteignit la rivier Oskol ou Igor «attendit deux jours son frère Vsevolod» qui était parti de Koursk.
    Prés de la rivière Salnica un détachement d'éclaireurs fit savoir à la droujina les Polovtsy arrivaient en grand nombre et bien armés. Les éclaireurs conseillèrent à Igor de faire demi-tour, mais ce dernier et son frère dirent : «Si nous revenons sans avoir combattu, la honte sera pour nous pire que la mort» Ils se continuèrent donc leur marche pendant la nuit. Le vendredi midi la droujina d’Igor rencontra les Polovtsy près de la rivière Sujurly. Les princes de la Russie se mir en ordre de bataille. Les archers ennemis tirèrent chacun une flèche détachements polovtsiens prirent la fuite. Une partie des troupes des russes les poursuivit, atteignit le camp des ennemis et revint avec un riche butin.
   



 L.Fomitchev "Prince Igor au camp de Polovtsy"

L.Fomitchev "Prince Igor au camp de Polovtsy"
Baguier. 1972  Mstéra


    Le prince Igor dit alors à ses frères et ses hommes: «Dieu par sa volonté a imposé à nos ennemis notre victoire et nous a donné honneur et gloire. Nous avons vu les troupes des Polovtsy, elles sont nombreuses... maintenant nous allons repartir pendant la nuit.» Malheureusement cette sage opinion ne fut pas retenue par les autres princes russes. «Le samedi matin, des le pointe du jour, les troupes polovtsiens se mirent à avancer, comme une foret de pins. Les princes de la Russie, étant donné que les ennemis étaient en grand nombre, décidèrent de faire une retraite stratégique vers le Donec. Au cours de la bataille Igor fut blessé à la main.
    Les troupes russes «se battirent jusqu‘au soir avec violence » mais il y eut «de nombreux blessés et tués» Le dimanche les troupes de la Rus' commencèrent à faiblir et un la fuite. Igor tenta de le ramener au combat, en vain. En revenant vers les troupes il fut fait prisonnier. La bataille se termina pour les russes par un désastre, car ses guerriers «étaient entourés comme par de puissants remparts par les troupes polovtsiens».
    Les troupes des princes furent détruites puisque «quinze hommes prirent la fuit» et que «les autres se noyèrent dans le mer ». Les prisonniers furent répartis dans les tentes des Polovtsy et le prince Igor fut pris en charge par le khan Kontchak. Victorieux, les Polovtsy décidèrent d'envahir la Russie. Le khan Kontchak marcha avec ses troupes vers Pereiaslavl, le khan Gza vers Putivl. Ils pillèrent et incendièrent de nombreux villages. Pendant ce temps un Polovtse du nom de Lavor proposa à Igor de prendre la fuite. Grâce à cette complicité le prince put se glisser hors du camp un soir que ses gardiens «s'étaient enivrés avec du koumis» (boisson faite avec du le de cavale). Au bout de onze jours il atteignit la ville de Donec. Il se rendit ensuite à Novgorod(Severskij), puis chez son frère à Tchernigov; enfin le Grand Prince Sviatoslav à Kiev.
   



L.Fomitchev. "Fuite d'Igor de la captivité"

L.Fomitchev. "Fuite d'Igor de la captivité"
Baguire. 1997   Mstéra


    Mais l’auteur de "Dit" ne désire pas faire ouvre historien, mais propager une idée politique : la nécessité de l’union pour pouvoir mener a bien la lutte contre l’ennemi commune. À partir de ce fait l'auteur a brossé une série de tableaux poétiques sur des réminiscences historique. Il lancé un appel à l’unité des princes, les divisions de princes factieux étant la source des malheurs de la Russie. L'actualité du récit de la défaite du prince Igor au cours des deux cents dernières années - une actualité qui ne peut que croître - est bien là. Le texte retient l'attention par son abondante nomenclature géographique : au sud, la Crimée et le Danube, à l'ouest la Dvina et le Niémen. La terre russe, dont les chercheurs font le grand héros du poème, s'étend de la mer Noire et des frontières de la Hongrie à la Lituanie à l'ouest, à Novgorod le Grand au nord, à la Volga à l'est. Le chant épique traduit magnifiquement « l'idée du Monomaque», idée d'un État puissant et uni, sur le territoire qu'occupait l'ancienne Russie au temps de sa splendeur.


Jean-Yves Le Guillou  




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    «Ne nous siérait-il point, frères, de commencer, avec les paroles d’autrefois, la geste ardue de l'host d'Igor', Igor', fils de Sviatoslav ?
    Entonnons-le donc, ce chant, et qu'il suive les faits d'aujourd'hui, non la fantasie de Boyan!
    Car Boyan le divin, voulait-il à quelqu'un faire sa chanson, lors, par la pansée il s'élançait tantôt par les arbres, tantôt, pareil au loup gris, sur la terre, et, tantôt, semblable à l'aigle bleu, sous les nuées.
    Car, à ce qu'il nous conte, il se remembrait les luttes du temps jadis, et du coup lâchait dix faucons sur un vol de cygnes ; et le premier cygne happé de chanter son chant !
    Mais à vrai dire, Boyan, mes frères, ne lâchait point dix faucons sur un vol de cygnes ; il posait seulement ses doigts magiques sur les cordes vivantes, qui d'elles-mêmes, se mettaient à chanter la gloire des princes...
    Bien tard dans la nuit se sont amortis les feux du couchant. Voici que luit la lumière de l'aube; les champs sont couverts de brume.
    Le gazouillement des rossignols s'est assoupi, réveillant le jacassement des choucas.
    Les fils de la Russie ont barré de leurs boucliers rouges les vastes plaines, en quête d'honneur pour eux, de gloire pour le prince. Le vendredi, des l’aube, ils piétinaient les bandes païennes des Koumans et se dispersaient comme des flèches par la plaine, enlevant les belles koumanes, et, avec elles, l'or les passementeries, les samits précieux ...»





    «Avec les couvertures, les manteaux, les pelisses, ils jetaient des ponts sur les marécages et les fanges, des ponts avec les tissus des Koumans.
    Un rouge étendard, une bannière blanche, un toug cramoisi, une haste d’argent au brave fils de Sviatoslav !
    Le lendemain, à la première heure, des aurores sanglantes annoncent le jour
    Des nuages noirs viennent de la mer, ils veulent couvrir les quatre astres, et des éclairs
bleus y palpitent.
    Ah ! Un grand tonnerre va tonner. Ah ! il va pleuvoir, pleuvoir des flèches du coté
Grand Don !
    La, les lances se rompront et les sabres s'ébrécheront contre les casques koumanes, sur la rivière Kayali près du Grand Don.
    O pays russe, tu es déjà loin derrière le coteau ! Voici les vents, petits-fils de Stribog, qui soufflent de la mer une nuée de contre les vaillants bataillons d'Igor' .
    La terre gronde, les rivières roulent des eaux troubles, la poussière couvre au loin les plaines. Les étendards l'annoncent : les Koumans viennent du Don et de la mer !
    Et de tous les côtés ils ont cerné les troupes russes... On s’est battu un jour, puis un autre jour; c'est le troisième, à midi, que ' tombèrent les étendards d'Igor'.
    La les deux frères se séparèrent, sur la berge de la Kayali rapide 9. La, le vin sanglant vint à manquer.
    La, les vaillants fils de la Russie achevèrent le festin, enivrèrent leurs beaux-frères et, titubant eux-mêmes, tombèrent pour la terre russe.
    L’herbe, de douleur, se pencha et l'arbre s'inclina de chagrin vers le sol. Car, frères, l'heure douloureuse est venue, et maintenant le désert a enseveli la force
    La violence s'est levée au milieu des armées du petit-fils de Dajbog: vierge, elle a paru sur la terre troyenne ; elle a fait s'agiter les ailes des cygnes sur la mer bleu, dans les parages du Don ; et par ce battement d'ailes, elle a réveillé le temps gros de querelles intestines...
    La peine déborde sur la terre russe, et le chagrin déferle au cœur de la terre russe
    Et les princes russes, en personne, forgent la sédition les uns contre les autres.
    Et les païens, en personne, paraissent en vainqueurs dans la terre russe ,prélevant un écureuil par foyer...»

    «..Mais j'entends la voix de Yaroslavna ; dès l'aube, dans son angoisse, tel le coucou, elle lance son appel.
    "Je m'envolerai, tel le coucou, dit-elle, au fil du Don.
    Je tremperai ma manche de castor dans la rivière Kayali.
    J'essuierai les plaies sanglantes du prince sur son corps dru ".
    Ainsi, à l'aube, dans Poutivl, sur le rempart, Yaroslavna pleure et se disant :
    "O Vent, mon Vent chéri ! Pourquoi, Seigneur Vent, ton souffle est-il si rude?
    Pourquoi, d'une aile indifférente, portes-tu les flèches des Huns contre les guerriers de mon bien-aimé?
    Ne te suffit-il point de souffler là-haut sous les nuages, de bercer les nefs sur la mer bleue ?
    Pourquoi, Seigneur, as-tu dispersé ma joie sur l'herbe de la steppe ? "
    Yaroslavna, au matin, dit en se lamentant sur le rempart de Poutivl :
    "O Dniepr, fils de Slavouta! Tu as fait ta percée, à travers les monts rocheux, à travers la terre koumane.
    Tu as porté, balancé sur tes épaules, les nefs de Sviatoslav jusqu'à la horde de Kobyak17.
Berce, ô Seigneur, mon bien-aimé, fais-le remonter jusqu'à moi, que je n’aie pas besoin de lui envoyer au matin mes pleurs vers la mer ".
    Yaroslavna, à l'aube, se lamente sur le rempart de Poutivl' en disant :
    "O Soleil clair et trois fois clair ! Pour tous tu es chaud et beau.
    Pourquoi Seigneur, as-tu gardé tes rayons ardents sur les guerriers de mon bien-aimé ?
    Pourquoi, dans la plaine aride, as-tu fait, de détresse, leurs carquois se serrer..?»


Traduit par H.Grégoire