
V.Groudinin et L.Matakova "Alionouchka"
Boîtier. 1980 Les émaux de Rostov |
Alionouchka voulait le rattraper et l'a suivi. Les serviteurs
du tsar l'ont vue, ils ont couru dire à leur maître
qu'il y avait un chevreau dans ses jardins et avec le chevreau
une jeune fille si belle que ça ne peut se raconter.
Le tsar a voulu voir cette beauté, il a dit aux serviteurs
de lui amener la jeune fille et son chevreau. Et il se mit
à demander : qui ils sont, où il vont, d'où
ils viennent ? Alionouchka ne lui a rien caché :
- Quand nos père et mère sont morts, mon frère
Ivanouchka et moi, nous somme partis à l'aventure.
Ivanouchka avait soif, il a bu de l'eau du lac où des
chèvres broutaient Et il est devenu chevreau
Plus le tsar l'écoute,
plus il la regarde. Plus il la regarde et plus il
la trouve belle. bien qu'à la fin il lui dit
:
- Accepte-moi pour mari ! Tu seras vêtue d'or,
coiffée d'argent. Et le chèvre vivra
avec nous dans le contentement et la joie.
Alionouchka n'a pas dit non. Un tsar, ça n'attend
pas après les bières-vins pou donner
un festin ! On a vite célébré
la noce et les voilà vivant tous trois ensemble,
chevreau dans les jardins trottine, mange et boit
avec le tsar et la tsarine. Et ils sont tellement
heureux, qu'à les voir les braves gens se réjouissent,
les méchants sont malades d'envie.
Mais un jour que le tsar était à la
chasse, une méchante sorcière est venue
trouve Alionouchka. Par des paroles trompeuses elle
l'a attirée au bord de la mer, par traîtrise
elle l'a jetée à l'eau avec une pierre
au cou.

B.Kiselev "Contes russes"
Baguier. 1999. Kholouï |
Puis la sorcière en Alionouchka s'est
changée comme elle s'est vêtue-parée,
dans le palais s'est installée. Tout le monde
s'y est mépris même le tsar n'a rien
remarqué. Seulement dans les jardins les fleurs
se sont fanées, arbres ont séché,
l'herbe s'est flétrie. Et le chevreau qui savait
la vérité ne mangeait plu ne buvait
plus, restait au bord de la mer bleue à pleurer,
à se désoler. De le voir comme ça,
la sorcière écumait de rage. Et elle
s'est mise à harceler le tsar :
- Fais tuer ce chevreau ! Il m'agace, il m'insupporte,
je ne veux plus le voir !
Le tsar n'en revenait pas - sa femme qui aimait tant
le chevreau, voilà qu'elle veut sa mort?...
Mais à force d'insister, la sorcière
a fini par lui arracher la permission de tuer chevreau.
Celui-ci, le pauvre ! avait tout compris. Il a demandé
au tsar :
- Laisse-moi aller au bord de la mer bleue, barboter
dans l'eau, laver mes petits bots.
Le tsar a permis. Et le chevreau a couru sur le rivage,
il a appelé en pleurant :
Alionouchka, ma chère sœur !
Viens du fond de l'eau à mon secours !
Les grands feux ardents sont allumés,
Les grandes marmites sont préparées,
Les grands coutelas sont affûtés,
On s'apprête à me couper le cou !
Mais du fond de l'eau sa sœur lui répond
:
Ah, Ivanouchka, frère chéri
La pierre pesante me retient au fond,
Les herbes marines entravent mes pieds,
Le serpent cruel a mangé mon cœur !
Le chevreau s'en est allé en sanglotant.
Vers la mi-journée il a encore demandé
au tsar :
- Laisse-moi aller au bord de la mer bleue, barboter
dans l'eau, laver mes petits sabots.
Le tsar a permis. Et le chevreau est retourné
sur le rivage, il a appelé sa sœur en
pleurant :
Alionouchka, ma chère sœur !
Viens du fond de l'eau à mon secours !
Les grands feux ardents sont allumés,
Les grandes marmites sont préparées,
Les grands coutelas sont affûtés,
On s'apprête à me couper le cou !
Et du fond de l'eau Alionouchka répond :
Ah, Ivanouchka, frère chéri !
La pierre pesante me retient au fond,
Les herbes marines entravent mes pieds,
Le serpent cruel a mangé mon cœur !
Le chevreau est revenu à la maison en pleurant.
Et le soir venu, il a de nouveau• demandé
au tsar :
- Laisse-moi aller au bord de la mer, barboter dans
l'eau, laver mes sabots.
Le tsar a permis. Mais il s'est dit en lui-même
: «Pourquoi ce chevreau court-il to le temps
au bord de la mer ?» et il l'a suivi sans se
faire voir. Le chevreau s'est approché des
vagues, a crié en pleurant :
Alionouchka, ma chère sœur !
Viens du fond de l'eau à mon secours !
Les grands feux ardents sont allumés,
Les grandes marmites sont préparées,
Les grands coutelas sont affûtés,
On s'apprête à me couper le cou !
Et le tsar a entendu une voix qui répondait
du fond des eaux :
Ah, Ivanouchka, frère chéri !
La pierre pesante me retient au fond,
Les herbes marines entravent mes pieds,
Le serpent cruel a mangé mon cœur !
Mais le chevreau appelait encore et encore d'une
voix déchirante. Et tout à coup, Alionouchka
est apparue dans les vagues.
Le tsar s'est précipité. Il a saisi
Alionouchka, il l'a tirée des eaux profondes,
il a [irradié la pierre qu'elle avait au cou.
Et alors, elle lui a raconté tout ce qui s'était
passé. Vous imaginez leur joie à tous
les trois ! A force de gambader, le chevreau a fait
trois lis la culbute - et à la troisième
culbute il est redevenu le petit garçon Ivanouchka.
Et quand le tsar, la tsarine et le petit frère
sont rentrés à la maison, ils ont vu
les jardins refleuris, l'herbe reverdie, les fleurs
épanouies.
La sorcière, le tsar l'a fait brûler
sur les mêmes feux qu'elle préparait
pour le chevreau cendres ont été jetées
au vent, pour que le souvenir en soit à jamais
perdu. Et le tsar avec Alionouchka et le petit frère
Ivanouchka ont vécu tout le reste de : vie
sans souci ni peine, dans la bonne entente et la joie.
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